Avadhuta Gita: les enseignements de la Nature

« Salutations à toi, ô Sage. Bienveillant, quel est le guru qui t’a donné la connaissance suprême, qui t’a rendu parfaitement sage, paisible et voué au Dieu de tous les êtres vivants ? »

Voici la réponse de l’Avadhûta.  « Son propre Soi est le Guru principal. Seulement par la connaissance de Soi, par perception, inférence et communion mystique peut-on obtenir la grande béatitude ».Il dit de plus qu’il n’a pas reçu un enseignement unique, mais s’est instruit auprès de plusieurs maîtres, chaque source de connaissance étant son Guru. Puis il mentionne vingt-quatre maîtres particuliers, dont les suivants méritent d’être mentionnés :

  Eau, terre, vent, espace, lune, soleil, mer et les fabricants de flèches.

 De l’eau, il apprit la pureté et le goût exquis du sans-saveur. « Comme l’eau est douce et pure, ainsi est l’Atma. L’homme peut manifester douceur et pureté dans sa conduite. J’ai donc pris l’eau comme un de mes Guru »

« Patience, indulgence, être le soutient des autres sans en attendre de reconnaissance, je l’ai appris de mon Guru la terre.

  « Le vent souffle partout, sur les parterres de fleurs, les déserts, les marais, les palais et les prisons, sans être attaché à l’un ou à l’autre, sans préférence ou répugnance. Ainsi, moi, un Avadhûta je vais partout répandant ma bénédiction de paix, sans m’attacher à rien. Mon Guru, le vent, m’a donné cette leçon.

« Dans l’espace illimité, il y a des nuages, des étoiles, des planètes, des tempêtes de sable et mille autres choses, mais aucun d’eaux ne l’atteint. Ainsi est l’Atman qui, présent dans tous les corps des hommes et des animaux, des saints, des sages, des rois, des insensés, des pécheurs et des indigents, n’est souillé par aucun d’eux. Voilà mon expérience, ayant appris cette leçon de l’espace, mon Guru.

« De même que la lune est parfaite, bien qu’elle croisse et décroisse, phases inexistantes en elle, de même l’Atman est toujours parfait malgré ses imperfections apparentes. C’est ce que m’a appris la lune, Mon Guru.

« De même que le soleil absorbe de ses rayons l’eau de la terre pour la lui restituer sous une autre forme pure et fraîche, de même le Mahâtma doit utiliser les objets de ce monde, non pour son propre intérêt, mais pour les restituer sous une forme plus riche et supérieure. Voici ce que mon Guru le soleil m’a enseigné.

  « Bien que des milliers de rivières s’y déversent, la mer reste pourtant dans ses propres limites ; ainsi reste paisible l’esprit du connaissant de Dieu, bien que des objets de toutes sortes lui arrivent de toutes parts. C’est ainsi que la mer, mon Guru, m’a instruit.

« Du fabricant de flèches, j’ai appris la valeur de la concentration. Dans une certaine ville vivait un fabricant de flèches, et il donnait à son travail toute son attention. Un jour qu’il forgeait la pointe d’une flèche, le roi et son cortège vinrent à passer dans la rue. Il était si attentif à son travail qu’il ne s’aperçut pas du passage du roi, et quand on lui demanda s’il avait aimé la musique du cortège, il dit : « Quel cortège ? Quand est-il passé ? »     Ainsi devons-nous nous concentrer sur la Vérité dont nul objet extérieur ou nul événement ne doivent nous distraire »